La normalisation des données produits avec GS1

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La multiplication des flux de données d’un système d’informations peut vite devenir un casse-tête, notamment pour gérer les flux externes sur lesquels on n’a pas entièrement la main. L’échange de données selon le standard GS1 peut être une solution afin de permettre à plusieurs centaines de fournisseurs ou de distributeurs de communiquer simplement entre eux selon un format de données commun.

Nous verrons dans cet article comment ça marche, comment se fait la mise en oeuvre et ce que ça peut vous apporter.


Dans la vague de digitalisation actuelle des entreprises, les architectures deviennent omnicanal et s’enrichissent de plus en plus de flux de données en tous genres. Parmi celles-ci, les données produit représentent une part importante des échanges afin d’offrir le plus rapidement possible une information fiable et de qualité aux consommateurs.

Au sein du système d’information interne, les flux se sont multipliés entre les différentes briques étant amenées à manipuler ou consommer cette donnée produit.

La 1re étape pour pallier cette multiplication des flux est la mise en place d’une solution PIM (Product Information Management) qui permet d’avoir un référentiel produit unique et ainsi limiter les flux 1 à 1 en faisant du PIM l’acteur unique des échanges de données produits.

Mais les flux sont également de plus en plus nombreux à mettre en œuvre avec les systèmes tiers, en particulier pour les acteurs de type fournisseur ou distributeur.

En effet, un fournisseur va devoir s’interfacer à de multiples distributeurs pour y diffuser son information produit.

Inversement, le distributeur doit agréger autant de flux de données qu’il a de fournisseurs afin d’enrichir son catalogue de produits.

L’intégration d’un nouveau tiers au sein de l’écosystème implique donc systématiquement un coût d’intégration non négligeable pour s’adapter au format de ce nouveau partenaire. Sachant que certains distributeurs peuvent compter plusieurs milliers de fournisseurs…

Il y a donc un besoin fort d’uniformiser ces échanges de données : en les normalisant via un langage commun et en les faisant transiter via un réseau unique. On parle parfois à cet effet de Product Data Syndication (PDS).

Le langage : la norme GS1, le réseau : GDSN

GS1 est un organisme mondial regroupant plus de 2 millions d’entreprises et œuvrant à faciliter l’échange d’information et le commerce. Il est notamment à l’origine des codes à barre (GTIN) désormais omniprésents sur les PGC, ainsi que de différents standards permettant d’uniformiser la chaîne de distribution de ces PGC du fournisseur au consommateur.

On parle donc de la norme (ou standard) GS1 pour évoquer ce langage commun entre les différents acteurs de la chaîne.

Les échanges selon la norme GS1 se font sur un réseau commun qui va permettre de centraliser toutes les données et les redistribuer. On parle du réseau GDSN (Global Data Synchronisation Network).

L’utilisation de ce langage et ce réseau commun va donc permettre de rationaliser les nombreux flux à mettre en œuvre avec les tiers communiquant également sur le réseau GDSN.

Point de vue fournisseur

« Publish once, send to all »

Pour un fournisseur qui envoie ses données produits vers de multiples distributeurs (grandes surfaces ou distributeurs spécialisés), il lui suffit donc d’exposer son catalogue au format GS1 sur le réseau GDSN. Il pourra ainsi l’adresser automatiquement à tous ces distributeurs. Il est donc un producteur de données sur GDSN.

Par exemple, pour notre client Heineken, nous avons mis en place un PIM Akeneo et la connexion au réseau GDSN permettant d’adresser ses données produits aux différentes enseignes de la grande distribution (Carrefour, Leclerc, Intermarché, …). Ces derniers intégrant par ce même moyen, les données de nombreux autres fournisseurs. Tout ça, avec la même structure d’information.

Point de vue distributeur

« Subscribe once, receive from all »

Un distributeur va, lui, agréger de nombreux catalogues produits provenant de multiples fournisseurs. Si ces fournisseurs communiquent via le réseau GDSN, il pourra donc récupérer ces données sous un même format (GS1) et donc n’avoir qu’une seule interface à mettre en œuvre et maintenir. Il est un consommateur de données sur GDSN.

Par exemple, pour notre client France Boissons, nous avons mis en place un PIM Akeneo et la connexion au réseau GDSN permettant d’enrichir automatiquement une majeure partie des produits du catalogue directement avec les données des fournisseurs (Pernod, Orangina, Bacardi, …).

Quelles sont les données du standard GS1 ?

L’ensemble des informations que l’on retrouve dans une fiche produit GS1 diffère en fonction du secteur d’activité afin de proposer une description produit au plus proche des besoins métier de chaque acteur.
On va retrouver globalement des données techniques, réglementaires (par exemple pour l’alimentaire : données INCO, allergènes, apports journaliers…) et marketing sur les produits. Parmi ces données marketing, figurent les visuels avec là encore une norme sur les informations liées permettant de préciser entre autres la nature du fichier, les angles horizontaux et verticaux de prise de vue, si c’est un produit nu ou emballé, etc.
Au-delà des données sur le produit lui-même, on retrouve également la dimension logistique : plan de palettisation, composition, dimensions, poids, etc. Mais aussi la partie tarifaire : prix publics, prix personnalisés, remises, TVA et autres taxes.

Au total, plus d’une centaine de champs composent les fiches produits du standard GS1.

La fiche GS1 intègre également une classification portée par GS1 et ses partenaires : la classification GPC (Global Product Classification). Cette catégorie GPC permet de classifier de manière précise un produit dans un référentiel partagé mondialement.

Mise en œuvre de la connexion GDSN

Mécanisme des data-pools

En soit, le réseau GDSN n’est qu’un concept. Il se matérialise par un ensemble de data-pools qui implémentent ce concept et sont certifiés GDSN par l’organisation GS1. Ces data-pools sont inter-connectés et régis par un registre global géré par GS1 (appelé Global Registry).

  1. Le fournisseur envoie ses données sur un data-pool A auquel il est affilié
  2. Le data-pool A notifie le registre global de la mise à dispo de ces données
  3. Le distributeur fait une requête auprès d’un autre data-pool B afin de recevoir les données du fournisseur
  4. Le data-pool B transmet la demande au registre global
  5. Le registre notifie le data-pool A de la demande du data-pool B
  6. Le data-pool A transmet les données demandées au data-pool B
  7. Le data-pool B transmet les données demandées au distributeur

Liste des data-pools certifiés

Les solutions d’accès au réseau

On ne peut donc pas se connecter “directement” au réseau GDSN. Il est nécessaire de passer par une solution tierce pour accéder à un data-pool.

Il existe plusieurs partenaires GDSN permettant cet accès au réseau, parmi lesquelles on retrouve Alkemics, Equadis, Numlog, …

Liste des solutions qualifiées GS1

Ces solutions implémentent la norme GS1 à leur manière. C’est à dire qu’elles vont avoir leur propre modèle de données, qui, s’il reste proche du standard, peut tout de même avoir quelques différences, notamment dans le nommage des champs.
La plupart de ces éditeurs viennent également enrichir le standard avec leur propres attributs et offrent la possibilité d’ajouter des champs personnalisés.
En conséquence, il est parfois nécessaire pour un fournisseur de s’interfacer avec plusieurs solutions d’accès au réseau GDSN, lorsque des distributeurs (de gros acteurs de la grande distribution) ont étendu le standard et exigent de recevoir ces données.

Intégration avec un PIM

Comme expliqué plus haut, la mise en place d’un PIM est un prérequis fortement conseillé à la connexion au réseau GDSN. Le PIM, de par ses capacités d’intégration et d’export de flux de données, va permettre de grandement faciliter la mise en œuvre de la connexion vers le réseau GDSN.
En effet, une fois que le PIM est en place et centralise toute la donnée produit selon une modélisation donnée, l’effort à faire est principalement de la conception afin d’établir un mapping de données entre la modélisation du PIM et celle de la solution GDSN.
Si quelques solutions PIM (Agena 3000, Informatica) adressent nativement le standard GS1, toutes les autres offrent généralement l’outillage nécessaire au développement simple d’un flux custom vers le réseau GDSN basé sur ce mapping.

Étapes de la mise en œuvre

  1. Mise en place d’un PIM
    • Nécessaire pour centraliser la donnée, poser le modèle et faciliter la mise en place des flux d’importation et d’exportation
  2. Sélection du partenaire technique pour l’accès au réseau GDSN
  3. Conception du mapping entre la modélisation du PIM et celle du partenaire retenu
  4. Développement et mise en place du flux d’échange de données entre le PIM et le partenaire
  5. Négociation fournisseur / distributeur pour mise à disposition des données sur le réseau
    • Si les données sont centralisées sur le réseau GDSN, on ne peut y accéder automatiquement. Des accords tripartites entre fournisseur, distributeur et le partenaire solution sont nécessaires afin d’ouvrir l’accès aux catalogues de produits.

Avantages / Inconvénients

La mise en place d’une interface basée sur le standard GS1 va permettre :

  • Une rationalisation des coûts d’ajout d’un nouveau flux distributeur ou fournisseur
  • Fiabilité des données reçues (directement des fournisseurs)
  • Données du catalogue plus complètes et de meilleure qualité
  • Baisse des coûts de contribution et d’enrichissement du catalogue produit en sourçant directement auprès des fournisseurs
    • Pas besoin d’avoir un studio photo, en propre ou en sous-traitance, en charge de shooter des milliers de références
  • Augmentation de la productivité de contribution
  • Meilleur taux d’enrichissement (complétude) des produits
  • Partage de la gouvernance et de la responsabilité sur la qualité des données en mode consommateur (distributeur)
  • Simplification des processus d’échange entre fournisseurs et distributeurs permettant une nette amélioration du Time To Market

En revanche, il y a quelques contraintes et coûts à prendre en compte :

  • Mise en place d’un PIM au préalable
  • Coût de mise en œuvre de la connexion GDSN
  • Coût de licence du partenaire GDSN
  • Coût à la consommation des données (dépend du partenaire)
  • Maintenance du mapping pour suivre les évolutions du standard
  • Uniformisation des quelques données marketing vis à vis des autres consommateurs des données sur GDSN
    • Mais il y en a peu et il est conseillé de conserver en interne la contribution des argumentaires marketing

Conclusion

Dans la foulée de la mise en place d’un PIM, la connexion au réseau GDSN peut être un facteur déterminant d’accélération de la transformation digitale d’une entreprise amenée à diffuser ou consommer massivement de l’information produit. Elle va faciliter la communication entre de nombreux acteurs, en permettant aux distributeurs un enrichissement automatique de leur catalogue produit avec de la donnée fiable et de qualité.

GS1 est probablement le standard le plus répandu, mais il en existe bien d’autres permettant d’uniformiser, faciliter et améliorer les échanges de données entre différents acteurs. Ces standards sont plus souvent spécifiques à des secteurs d’activité, comme par exemple dans le domaine du bâtiment avec ETIM, FAB-DIS, BMEcat… Il est donc nécessaire de bien analyser son marché afin de déterminer la pertinence de tel ou tel standard avant de se lancer dans sa mise en œuvre.


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