La chronique Canada n°2

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Montréal : futur chef de file des villes intelligentes et numériques en 2017 ?

Notre chronique Canada a pour but de rapporter régulièrement certains faits marquants en provenance du Canada – et du Québec en particulier – issus de l’actualité récente et présentant des aspects intéressants pour l’ensemble du lectorat de Clever Age qu’il soit canadien, français ou suisse. Pour cette deuxième chronique, j’ai choisi de mettre en avant un projet ambitieux de la Ville de Montréal qui souhaite devenir dès 2017 un chef de file mondialement reconnu parmi les villes intelligentes et numériques.

Une ambition affichée pour le numérique

Montréal, grande métropole nord-américaine (et deuxième ville francophone après Paris) n’est pas à priori positionnée en tête des villes les plus connectées comme par exemple Amsterdam, Barcelone ou New York, mais son ambition est grande et c’est principalement la démarche très volontariste adoptée par la ville, l’implication directe des citoyens dans le projet et la transparence de la communication qui ont suscité toute mon attention aujourd’hui.

L’intérêt de la Ville de Montréal pour le numérique ne date pas d’hier (un plan initial avait en effet déjà été adopté dès 2011), mais c’est en 2014 que la ville a confirmé son engagement en créant le Bureau de la Ville Intelligente et Numérique (BVIN) et en le dotant d’une équipe, d’un budget et d’une mission : «encadrer les projets de transformation qui touchent tous les aspects de la vie citoyenne, qu’il s’agisse de gouvernance, d’infrastructures, de services publics ou d’enjeux sociaux».

Cette première phase de formalisation et de communication de la vision du projet a été mené sur une période de 6 mois, et a été suivie directement par une phase d’écoute active des citoyens comprenant entre autres le lancement d’un site web dédié et d’une présence sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter).

Une démarche de démocratie participative auprès des citoyens

La communauté engagée dans le projet de ville intelligente et numérique à Montréal est constituée de trois groupes : les citoyens, les membres de la communauté des startup et du numérique et les employés de la ville de Montréal (qui est aussi l’un des plus grands employeurs de la région métropolitaine avec 28.000 employés).

Les citoyens ont pu être consultés directement via le site web et sa boite à idées, dont les suggestions ont été mises en ligne (avec l’accord des personnes concernées) pour être ensuite soumises au vote. On peut relever ainsi sur le site des suggestions de nouveaux services comme «fournir des stations de rechargement pour les appareils mobiles dans les voitures et les stations de métro», ou encore «la mise à disposition d’une cartographie dynamique des rues de Montréal qui, à l’image des pistes de ski, indiqueront aux cyclistes les chemins les plus sécuritaires». Le personnel de la ville a aussi été mis à contribution pendant cette phase d’idéation.

Par ailleurs – et pas plus tard que hier – une nouvelle plateforme numérique très complète était lancée « Faire Montreal » permettant aux citoyens de découvrir, contribuer et suivre l’évolution des projets en temps réel.

Un plan d’action détaillé sur 3 ans mis à la disposition du public

Le site décrit en détail la démarche participative et l’état d’avancement des projets. Il met à la disposition de la communauté un ensemble de présentations très complètes sur les orientations stratégiques et le plan d’action (les phases 3 et 4 de la démarche) ainsi que des dizaines de documents de référence internationaux qui ont contribué à leur élaboration. Un contenu extrêmement intéressant et une démarche des plus transparentes qui doivent être salués.

Le plan d’action confirme d’une part 2 premiers projets à court terme qui ont tous les deux démarré (dont un projet pour le déneigement intelligent, qui concerne tant de Montréalais confrontés chaque année à des hivers extrêmement rudes) plus une liste de grands projets à venir dans des domaines aussi variés que le développement économique (en utilisant la ville intelligente comme levier pour l’essor d’un secteur de pointe), la mobilité urbaine, les services numériques directs aux citoyens et aux entreprises, l’amélioration du cadre de vie et le développement de la vie démocratique. Sur 232 idées proposées, 70 projets ont été sélectionnés.

Un oeil attentif vers les expériences à l’international

Si la démarche participative impliquant les citoyens prend une place très importante dans le projet, l’observation continue de projets similaires à l’international l’est tout autant et permet à la ville de Montréal d’en tirer des enseignements et des meilleures pratiques. Et ceux-ci ne sont pas nécessairement et systématiquement technologiques.  Une ville n’a pas besoin d’être truffée de gadgets technologiques pour être qualifiée d’intelligente. L’ingéniosité d’Amsterdam repose par exemple en premier lieu sur le mode de transport privilégié de ses habitants – le vélo -, qui contribue à abaisser le niveau de pollution et à réduire le nombre d’accidents graves, en plus d’améliorer l’état de santé général de la population. Mais bien évidemment la technologie apporte un plus et rend la ville encore plus intelligente en gérant par exemple des flux de circulation extrêmement complexes entre piétons, cyclistes et voitures sur les multiples ponts de la ville.

Nous sommes très sensibles chez Clever Age à cette notion de retour d’expérience et de partage qui constitue un des piliers de notre proposition de valeur et de notre offre. Nous constatons que les villes et collectivités locales avec lesquelles nous travaillons y sont très sensibles aussi. Nous sommes engagés avec elles en France dans de nombreux projets visant à l’amélioration du service rendu aux citoyens, comme par exemple avec cette application qui récompense les utilisateurs des vélos en libre service de Bordeaux Métropole (les Vcub) par des prolongations d’abonnement lorsque qu’ils empruntent (ou raccrochent) leur vélo dans certaines stations spécifiques permettant ainsi de mieux équilibrer la répartition des vélos en station. L’appli permet aussi de consulter sur la fiche de chaque station ou sur une carte les prédictions à 12 heures des disponibilités de vélo ou d’emplacement. Ces informations sont produites (par la startup Qucit) à partir d’algorithmes d’intelligence artificielle exploitant 4 années d’historique et même la météo.

Objectif 2017, les ingrédients du succès sont là

La ville de Montréal a certainement pleins d’atouts dans son jeu pour réussir son pari en 2017. En effet,

  • le plan initial pour une ville intelligente a été adopté il y a déjà 4 ans ce qui confirme une maturité certaine de la ville sur le sujet
  • le nombre élevé d’entreprises en technologies de l’information de la métropole (plus de 5000 – même si une grande majorité d’entre elles comptent moins de 50 employés) apporteront tout un potentiel de créativité lors de la mise en oeuvre des projets sélectionnés
  • l’utilisation d’Internet est considérable auprès de la population montréalaise. Une étude récente du cabinet Forrester Research indique par ailleurs que les canadiens s’engagent de plus en plus avec les services publics via différents canaux numériques. Ainsi, à la question «quelles activités parmi les activités suivantes exécutez vous au moins une fois par semaine en ligne?» et en particulier concernant l’accès aux services publics, une proportion importante des 65000 personnes interrogées par Forrester Research confirment leur engagement avec les services publics via leur ordinateur, tablette ou mobile, comme l’indique le tableau suivant (Etude publiée en mai 2014)

Dans ce contexte plutôt favorable, il y a dès lors tout à penser que la ville de Montréal réussira à se propulser au premier rang des villes intelligentes et numériques dans les prochaines années. C’est tout ce qu’on lui souhaite et nous suivrons bien évidemment avec intérêt l’évolution des projets et des initiatives engagés.


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